Le mode d’emploi pour des premières règles sereines
L’adolescence est une période de grands changements, physiques comme émotionnels. Parmi eux, les premières règles (ou ménarches) occupent une place à part : elles marquent le passage de l’enfance vers la maturité hormonale.
Pourtant, ce moment charnière reste souvent entouré de mystères, voire d’un léger malaise. Préparer ses premières règles, c’est avant tout comprendre, dédramatiser et anticiper.
Comprendre le phénomène et lever les tabous
L’âge moyen d’apparition des premières règles en France se situe autour de 13 ans, mais cette fenêtre est très large, s’étendant généralement entre 10 et 15 ans. En général, le corps donne des indices bien avant le premier écoulement, souvent au moment de la rentrée au collège.
Les signes précurseurs de la puberté et des premières règles incluent :
- le développement de la poitrine : les seins commencent à pousser, et ils peuvent être sensibles ou douloureux ;
- l’apparition de la pilosité : les poils pubiens et sous les aisselles font leur apparition ;
- les pertes blanches (sécrétions vaginales) : l’augmentation de ces sécrétions est l’un des signes les plus immédiats de l’imminence des règles.
En règle générale, il faut compter environ deux ans après le développement des seins et un an après les premiers poils pubiens pour l’arrivée des premières menstruations. Les changements d’humeur liés à la fluctuation hormonale peuvent également être des signes annonciateurs.
Les protections hygiéniques : les alliées indispensables
Dès que la question des premières règles se pose, il faut bien sûr éduquer votre fille sur les différentes options disponibles. Parmi elles, on retrouve :
- Les serviettes hygiéniques : elles sont simples à utiliser, car elles se fixent aux sous-vêtements grâce à un adhésif. Elles sont souvent la première option choisie. Les composantes chimiques qui peuvent intégrer ces protections ou leur processus de fabrication doivent respecter des normes sanitaires que vous pouvez retrouver sur les emballages. En cas de doute, privilégiez l’usage de composantes naturelles et l’absence de parfum, notamment en cas d’allergies. Ce type de protection doit être changé toutes les 4 à 6 heures.
- Les tampons et la coupe menstruelle (cup) : ces protections internes peuvent être pratiques pour le sport. Le tampon doit être changé et la cup doit être vidée toutes les 6 heures maximum, le port prolongé étant associé au risque de Syndrome du Choc Toxique (SCT), une maladie infectieuse grave. Ces protections intimes internes sont souvent privilégiées pour des usages ponctuels. En effet, le tampon et la cup peuvent être une source de stress pour les jeunes adolescentes qui ne sont pas encore à l’aise avec leur corps pour l’insertion.
- La culotte menstruelle : elle est souvent recommandée comme solution simple et rassurante pour débuter. Lavable et réutilisable, elle peut être portée jusqu’à 12 heures selon le flux, même si, en pratique, un changement plus tôt reste souvent nécessaire pour garder un vrai confort. Elle offre une protection externe confortable et discrète, adaptée aussi pour la nuit, ce qui contribue à réduire le risque de SCT.
Astuce. Préparez un kit premières règles à glisser dans le sac de votre fille : une ou deux protections, une culotte de rechange et un petit pochon imperméable. Ce geste simple suffit à lui donner confiance et à éviter bien des situations stressantes.
Hygiène et gestion des premiers symptômes
Concernant l’hygiène intime pendant cette période, une toilette quotidienne (matin et soir) avec de l’eau tiède et un savon doux, sans parfum ni produits irritants, est suffisante. Évitez les gants de toilette, déodorants intimes ou douches vaginales, souvent trop agressifs pour la flore intime.
Enfin, il faut préparer l’adolescente à gérer les potentiels désagréments. Les douleurs abdominales, les maux de tête ou la fatigue font partie du syndrome prémenstruel qui disparaît souvent au début des règles. Rassurez-la : l’activité physique, une douche chaude ou l’application d’une bouillotte sur le ventre sont souvent des remèdes très efficaces pour soulager les crampes.
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Quel est le rôle de la famille ?
La règle d’or est la communication. En tant que parent, votre rôle est d’apporter soutien et informations.
Initier le dialogue en amont
Le bon moment pour aborder le sujet ? Avant qu’il ne devienne urgent. Les discussions sur les transformations du corps peuvent débuter dès la préadolescence, avec des mots simples, adaptés à l’âge.
Les mères ne sont pas seules à pouvoir en parler : les pères ont aussi leur place dans ces échanges, et leur implication contribue à normaliser le sujet. Livres, podcasts ou ressources éducatives peuvent servir de support pour ouvrir la discussion.
Ce dialogue ouvert permet à l’adolescente de mieux comprendre ce qu’elle vit et de développer une relation positive avec son corps.
Dédramatiser l’imprévu et l’irrégularité
L’un des plus grands stress est la crainte des fuites. Rassurez votre fille : cela arrive à tout le monde, y compris aux adultes. Expliquez-lui que les taches de sang se nettoient facilement avec du détachant et, surtout, de l’eau froide. Insistez bien sur ce point, car l’eau chaude « cuit » le sang et fixe la tache.
De plus, il est essentiel de souligner que les premiers cycles sont la plupart du temps irréguliers, et qu’il faut souvent plusieurs mois, voire un an, avant qu’ils ne se régulent. Vous pouvez l’aider à suivre son cycle sur un calendrier ou une application pour qu’elle apprenne à le reconnaître.
Au delà des murs : le rôle de l’école et des professionnels de santé
La préparation aux menstruations est une responsabilité collective, qui implique également d’autres acteurs.
L’importance d’un climat inclusif à l’école
L’école joue un rôle clé dans la création d’un environnement bienveillant et inclusif. Ainsi, il est important que les élèves aient accès à des protections menstruelles de dépannage. Le personnel scolaire (enseignants et infirmières) joue un rôle clé dans l’accompagnement et l’information des jeunes filles.
L’éducation menstruelle doit également inclure les garçons dès le plus jeune âge. Cela permet de briser les tabous, de sensibiliser la gent masculine et de lutter contre les stéréotypes générés par le manque d’information.
Le médecin, un partenaire de santé menstruelle
Les premières règles sont une période d’ajustement. Si votre fille ressent des douleurs menstruelles très sévères (dysménorrhée), des saignements extrêmement abondants (ménorragie) ou tout autre symptôme inhabituel qui perturbe son quotidien, n’hésitez pas à consulter. Des traitements sont possibles.
Il est important d’encourager le dialogue avec le médecin traitant ou une sage-femme. Un avis médical est par ailleurs requis si la puberté est précoce (règles avant 9 ans) ou tardive (absence de règles après 15-16 ans). En France, des examens de suivi sont proposés à 11-13 ans et 15-16 ans pour s’assurer que tout va bien.