En plus de la fin du numerus clausus, le plan santé 2022 prévoit le recrutement de 4000 assistants médicaux d’ici 4 ans, prioritairement dans les déserts médicaux. La difficulté à trouver un praticien dans ces zones sous dotées fait en effet de plus en plus parler d’elle, d’où l’idée de décharger les médecins de certaines tâches. D’autant plus que la profession de médecin est en pleine évolution.

Les assistants médicaux, un métier nouveau
Si vous allez régulièrement chez le dentiste – une visite annuelle est conseillée – vous avez probablement déjà eu affaire à des assistants dentaires. Ceux-ci prennent le relais du praticien pour certaines tâches utiles mais chronophages : accueil, information et conseils, entretien et stérilisation du matériel, gestion du dossier du patient, etc.
Le principe sera exactement le même avec les futurs assistants médicaux placés auprès des médecins de ville, qualifiés lors de la présentation du plan « d’aides-soignants de ville ». Ils pourront réaliser eux-mêmes diverses tâches simples telles la mesure d’une tension ou d’une température, ou encore assurer un travail administratif. De sorte que les médecins pourront se consacrer au maximum au médical « pur », c’est-à-dire à leur activité de diagnostic, conseil et prescription.
Actuellement, ces derniers exercent en effet encore trop souvent seuls, ce qui génère une perte de temps non négligeable : les enquêtes montrent que près d’un tiers font eux-mêmes leur propre comptabilité, et même presque 15% le ménage de leur cabinet ! Cette organisation pose encore plus question dans les déserts médicaux. C’est la raison pour laquelle ces assistants seront prioritairement recrutés dans ces zones.
Il en est attendu un gain de 25 à 30% de temps médical, c’est-à-dire l’équivalent d’un peu moins de 2000 médecins. Les praticiens devront par contre se regrouper dans des cabinets communs, pour mutualiser leur emploi, ce qui devrait leur permettre d’augmenter le nombre de patients qu’ils suivent. A noter enfin que le plan ne prévoit cependant aucune obligation de recrutement pour les praticiens, qui y seront seulement incités.
Une assistance particulierement utile dans les déserts médicaux
Si cette mesure est appropriée pour lutter contre les déserts médicaux, c’est parce la France ne souffre pas tant d’un manque de médecins que d’une inégale répartition de ceux-ci. En effet, avec 226 000 praticiens en activités (dont 45% de généralistes), notre pays compte 3,3 médecins pour 1000 habitants, ce qui le place dans la moyenne européenne. De plus, leur nombre n’a jamais été plus élevé qu’actuellement, avec une progression de 4,5% rien que ces six dernières années.
Les médecins sont inégalement répartis sur le territoire métropolitain
Source : Conseil National de l’Ordre des médecins – 2015
A cet égard, la fin du numerus clausus ne devrait pas changer fondamentalement la donne : les jeunes médecins s’installent en effet majoritairement dans les régions où ils ont fait leurs études, et prioritairement dans les grands pôles urbains ; et jusqu’à maintenant, les incitations financières à venir s’installer dans les zones sous dotées n’ont pas montré une grande efficacité. Comme le gouvernement n’a pas souhaité pour le moment réguler la liberté d’installation, on mesure donc toute l’utilité de dégager du temps médical supplémentaire chez les médecins exerçant dans ces territoires.
Pourrait-on manquer de médecins à l’avenir ?
S’il n’y a pas au niveau national de pénurie de médecins, on ne peut pas non plus affirmer que la France est sur dotée. Bien que le nombre global de médecins continue d’augmenter, on assiste en revanche à une quasi stagnation de celui des généralistes, alors que ceux-ci ont un rôle de plus en plus important en matière de coordination des soins. De plus, la France forme moins de nouveaux médecins que de nombreux pays comparables : 10 pour 100 000 habitants, contre par exemple 12,8 pour 100 000 au Royaume-Uni. Ainsi, malgré la hausse du nombre de praticiens, le nombre de médecins par habitant n’y a pas progressé entre 2000 et 2015 à cause de l’augmentation de la population, contrairement à de nombreux autres pays.
Dans ce contexte, la proposition de création de postes d’assistants médicaux apparaît d’autant plus probante. Surtout que l’exercice de la profession de médecin évolue. Du fait de la faiblesse du numerus clausus durant les années 80 et 90, la profession est très vieillissante. Or, ces générations travaillaient plus en moyenne que les nouveaux médecins. Par ailleurs, la profession se féminise nettement, et on observe par exemple que les jeunes généralistes femmes reçoivent 24% de patients en moins, du fait d’une durée de consultation plus longue (19 minutes en moyenne contre 17 minutes) et d’un temps de travail inférieur de 10%. Enfin, le salariat progresse chez tous les jeunes médecins, traduisant l’aspiration à un autre mode d’exercice permettant une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle.
S’il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter d’une pénurie de médecin pour le moment, le développement des assistants médicaux sera néanmoins utile pour accompagner les changements d’exercice du métier de médecin : en groupe, de plus en plus salariés, avec une meilleure coordination entre professionnels médicaux et paramédicaux, et déchargés au maximum des tâches administratives et logistiques.
Reste à définir précisément les contours de ce futur métier. On sait déjà que la formation aura lieu après le bac et sera courte (un an au maximum). Actuellement en cours d’élaboration, elle sera centrée autour de l’apprentissage des gestes pratiques comme la prise d’une tension ou du poids, ou la stérilisation du matériel, et comprendra également un volet relatif au secrétariat médical. Vous êtes intéressés ? Tenez-vous prêts, car la formation commencera à la rentrée 2019 !
Pour en savoir plus :
Un article synthétique de la DREES, la direction des études statistiques du Ministère de la Santé, sur la démographie médicale (mai 2018 4 pages) ;
Atlas régionaux de démographie médicale, sur le site de l’Ordre des médecins.
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